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Mis à jour le 19 juillet 2024
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publiée le 24 août 2023
Soins

Troubles du rythme cardiaque : un protocole innovant

Troubles du rythme cardiaque : un protocole innovant

Troubles du rythme cardiaque : un protocole inédit pour faciliter la pose de moniteurs cardiaques implantables, en toute sécurité

Le Centre hospitalier du Mans est le 1er en France à valider un protocole de coopération local permettant l’implantation par un infirmier de moniteurs cardiaques (holter). Jusqu’ici, seuls les médecins étaient habilités pour cet acte.

Jimmy Guibert et Kévin Rousseau, infirmiers de cardiologie interventionnelle, ont implanté, ce mercredi 23 août, les quatre premiers patients bénéficiant du protocole.

Objectifs :

  • libérer du temps médical,
  • réduire les délais de prise en charge,
  • faire évoluer les pratiques de l’exercice infirmier.

Le contexte médical

Suite à un malaise cardiaque inexpliqué ou un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, il est nécessaire de monitorer les battements du cœur, soit ponctuellement via un électrocardiogramme ou un enregistreur externe, soit en continu via l’implantation d’une prothèse sous-cutanée. L’objectif est de détecter d’éventuels troubles du rythme et d’anticiper une récidive d’AVC ou de syncope. Les premiers mois suivants le malaise ou l’AVC sont cruciaux.

Jusqu’ici, la pose d’un moniteur cardiaque en sous-cutané se faisait uniquement par un médecin, via une incision au niveau de la poitrine, sous anesthésie locale. Le protocole qui vient d’être validé au CH Le Mans permet de déléguer cette tâche à des infirmiers de cardiologie, de façon encadrée et sécurisée.

Le protocole de coopération local «Implantation d’un moniteur cardiaque implantable»

L’idée a germé en 2019, avec plusieurs partenaires, suite à un topo de rythmologie sur la délégation de tâches aux professionnels paramédicaux. Après plusieurs expériences réussies dans des pays européens comme le Royaume-Uni, l’Italie ou l’Espagne, le Centre hospitalier du Mans est donc le 1er établissement français à valider son protocole.

Un travail de longue haleine, initié il y a 2 ans par le Dr Mathieu Amelot, cardiologue, et Jimmy Guibert, infirmer de cardiologie interventionnelle.

Pour pouvoir prendre en charge cette intervention, les deux infirmiers concernés, Jimmy Guibert et Kévin Rousseau ont suivi une formation théorique et pratique dispensée par le Dr Amelot sur l’anesthésie locale, les techniques de suture, le réglage des moniteurs. Ils ont également assisté à 5 interventions en tant qu’observateur et réalisé 10 interventions sous la supervision directe d’un médecin rythmologue.

Un fois formés, les deux infirmiers pourront être autonomes pour les poses de ce type de prothèse, en salle interventionnelle. Le consentement des patients reste obligatoire et un médecin reste présent dans les locaux (en consultation) pour toute intervention.

Les bénéfices pour les patients et les professionnels

Dans le contexte actuel de pénurie médicale, cette délégation de tâche encadrée et sécurisée, permet de libérer du temps des médecins pour la prise en charge médicale des patients. Chaque intervention dure environ 45 minutes, de l’accueil du patient, à la pose du dispositif et du point de suture en passant par l’anesthésie locale. Aujourd’hui, environ 90 prothèses sont posées chaque année, avec l’objectif d’augmenter le nombre de prises en charge et de réduire le temps d’attente pour les patients entre la prescription et la pose effective.

« En tant qu’infirmier en cardiologie interventionnelle, c’est une véritable opportunité pour moi d’approfondir mon exercice professionnel au niveau technique et d’accompagner mon patient encore plus loin dans la prise en soins. Je suis ravi de cette évolution.» 

Jimmy Guibert, infirmer de cardiologie interventionnelle

« Le volume croissant d’implantations de moniteurs cardiaques nous a poussé à réfléchir à d’autres modes d’exercice et d’organisation professionnels pour pouvoir satisfaire la demande en soins des patients. Ce protocole local permet un transfert de cette activité médicale vers des professionnels paramédicaux sans compromettre la sécurité des patients. »

Dr Mathieu AMELOT

Un protocole de coopération local permet un transfert d’activité, d’acte de soins ou de prévention entre professionnels médicaux et paramédicaux, suite à une formation, au seul usage de l’établissement concerné.

Il doit être approuvé par les instances de l’établissement (commission médicale, commission de soins et commission des usagers) avant d’être validé par le directeur général de l’établissement et envoyé à l’Agence régional de santé.

Un protocole local peut ensuite être généralisé au niveau national, dans certaines conditions.

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